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Une faim sans fin
21 novembre 2007

Faisons le point

Il est pas loin de 4h00 du matin, et je ne dors toujours pas; comme chaque soir, je rummine dans mon lit, ne songeant qu'à une seule chose: avoir un corps mince. Vous me direz que pour y parvenir, il me suffirait de faire attention, manger équilibré et faire un peu de sport. Cela s'applique bien entendu à la mademoiselle tout le monde, celle que je ne suis pas. Je pense que quiconque a eu le courage de lire mon préambule, si long soit-il, sait exactement de quoi je veux parler.

Si seulement c'était aussi simple: je décide de controler mes apports caloriques et je perds du poids. Malheureusement, rien n'est si facile. C'est pour moi un enfer quotidien que de devoir vider les placards chaque jour, et les remplir de nouveau, pour mieux les vider le lendemain. C'est ce à quoi je suis à nouveau rendue. Et oui, l'hospitalisation en laquelle j'avais tant d'espoir n'aura été qu'une illusion, l'illusion de m'en être sortie.

Le 11 septembre 2007, après plus de deux mois d'hospitalisation en clinique, je suis sortie pour reprendre ma vie où je l'avais laissée. Les cours ont repris, et le fait d'être replongée si vite dans le bain, de manière si précoce n'a fait que précipiter ma chute. Et s'est reparti pour un tour. Aujourd'hui, plus de deux mois et près de 10 kilos plus tard, je fais le point et me rends compte que je vais droit dans le mur. J'en suis conscience, mais me sens incapable de réagir, comme engluée dans mon propre destin, celui d'une jeune fille malade depuis une dizaine d'années maintenant. Je me dis que jamais je n'y arriverai, que jamais je ne m'en sortirai.

J'ai certes depuis quelques temps réalisé que les gens autour de moi devaient savoir; peut-être avais-je besoin de justifier mon comportement, chaque prise et perte de poids, etc... Et aujourd'hui, même raisonnement, je me dis que les gens liront ce que j'écris et ne me questionneront pas, car rien n'est plus difficile que de devoir en parler, devoir s'expliquer, se justifier.

Aujourd'hui, comme presque tous les jours depuis maintenant quelques années, je me suis adonnée à mon rituel quotidien. Manger, éliminer; manger, éliminer. il fut un temps où je parvenais à garder le controle de mon corps. Il m'était tout à fait possible de garder un poids acceptable, tout en me goinfrant comme je le faisais. Aujourd'hui, j'ai totalement perdu ce contrôle et je ne dirige plus rien. Le chiffre sur la balance ne cesse d'augmenter et je suis chaque jour un peu plus désespérée. Ce soir, comme chaque soir, je me fais la promesse de ne rien manger le jour suivant, histoire de faire basculer la tendance. Je devrais avoir honte de dire cela, mais au fond de moi, je souhaiterais tellement perdre le goût de manger, l'appêtit, ne plus y penser du tout. Je sais pertinnement que l'anorexie fait des ravages, mais je ne peux m'empêcher de penser que mon sort serait moins terrible. Rationnellement, je sais que c'est faux; seulement la boulimie tout comme l'anorexie ne sont en rien rationnelles.

Alors demain, je ne mangerai rien; je me le promets. Encore une promesse que je ne tiendrai pas. Comme les milliers de promesses que je me fais chaque année. Si seulement le fait de tenir ce journal pouvait marquer le déclic que j'attends depuis tant de temps, qui sait... on verra bien.

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